Depuis que j’ai commencé ce blog, en souhaitant apporter de l’aide aux personnes atteintes comme moi d’hyperphagie, j’ai multiplié les recherches concernant ce trouble du comportement alimentaire. Au fur et à mesure de mes recherches je me rends compte que je souhaite aussi en découvrir plus sur les autres troubles et notamment sur celui de la boulimie. En effet, l’hyperphagie et la boulimie étant deux pathologies tellement proches, j’aimerais que mon expérience d’hyperphagique puisse aussi vous servir si vous êtes boulimique.
Avant de commencer, je souhaite quand même vous rappeler quelques éléments importants à se souvenir lorsqu’on parle de boulimie :
- La boulimie, de la même manière que les autres troubles du comportement alimentaire, est avant tout un problème de santé mentale. C’est important à prendre en considération bien que ce trouble se caractérise ensuite par deux choses :
- Un épisode de crise ou frénésie alimentaire
- Un ou des comportements compensatoires pour se purger
- La crise, la frénésie, la rage alimentaire peu importe le nom qu’on lui donne est un moment dans lequel le patient va consommer une quantité de nourriture extrêmement importante, de façon incontrôlée dans un temps relativement réduit.
- Les comportements compensatoires sont une manière de se purger de cette crise. Cette purge peut se faire de différentes façons :
- En se faisant vomir
- En consommant des laxatifs
- En réalisant des périodes de jeûne
- En pratiquant une activité physique de manière excessive
- La boulimie résulte d’une conjugaison de facteurs sociaux, environnementaux, culturels à des événements de la vie et parfois même à la génétique. Par ailleurs, ce trouble du comportement alimentaire se déclenche plus facilement sur les personnes ayant déjà un trouble tel que la dépression ou une problématique liée à la toxicomanie.
Je vais donc vous présenter dans cet article le concept de boulimie mentale, à travers ces causes et la façon dont peut s’en occuper.
Qu’est-ce que la boulimie mentale ?
Définition de la boulimie mentale
La boulimie mentale vous le savez est un trouble du comportement alimentaire caractérisé qui se définit par un épisode de compulsion alimentaire suivi d’un épisode de compensation de cette crise par une purge.
- Lors de la crise vous avalez une quantité conséquente de nourriture, bien supérieure à la normale et vous ressentez un sentiment de perte de contrôle pendant la crise, puis un sentiment de honte d’avoir perdu à ce point le contrôle après la crise.
- Ainsi, vous mettez en place un comportement compensatoire à cette crise et à cette perte de contrôle en vous faisant vomir, en prenant des laxatifs, en mettant en place des périodes de jeûne ou en pratiquant des activités physiques à outrance.
Lorsqu’on est boulimique, la dissimulation de la pathologie est assez simple puisque les comportements compensatoires font que les patients ont très souvent un poids que l’on peut considérer comme normal ou alors légèrement au-dessus de la moyenne. Il est d’ailleurs difficile pour les boulimiques de se sortir de cercle vicieux puisque le sentiment de honte induit par les crises et les comportements compensatoires font qu’ils n’osent pas demander d’aide à qui que ce soit. Le diagnostic de la boulimie s’en trouve particulièrement difficile à établir et un boulimique peut donc l’être longtemps sans savoir qu’il est atteint de cette pathologie.
Causes de la boulimie mentale
Il est difficile de savoir exactement comment naît la boulimie mais ce dont on est sûr c’est que cette pathologie est multifactorielle. En effet, elle est la résultante de différents paramètres intervenants à différents niveaux comme :
- Votre génétique
- Les événements de la vie auxquels vous êtes confrontés
- L’environnement social dans lequel vous évoluez
Par ailleurs on constate qu’il y’a un souvent un élément qui allume la mèche de l’installation de la boulimie : le régime ou la tentative de perte de poids.
Le facteur génétique
C’est malheureusement un facteur sur lequel vous ne pouvez avoir aucune incidence. Pourtant un membre de votre famille en lien direct avec vous atteint d’un trouble du comportement alimentaire, c’est une menace supplémentaire pour vous de déclencher une boulimie mentale. Par ailleurs, et toujours en lien avec ce facteur génétique, vous serez plus susceptible de développer un trouble du comportement alimentaire comme la boulimie mentale avec un caractère impulsif, impatient, emporté.
C’est un facteur que je connais bien puisque mon père est hyperphagique depuis toujours. Il n’a cependant jamais été diagnostiqué car je crois qu’il n’a pas vraiment envie de résoudre cette problématique chez lui. Comme de nombreux hyperphages, et ça a aussi été mon cas pendant longtemps, il se considère juste comme gourmand. Pourtant avec le recul et sans lui jeter la pierre, je pense que sa pathologie et son rapport très problématique à la nourriture a été décisif dans le déclenchement de mon hyperphagie.
Toutefois, ce n’est pas le seul facteur qui rentre en jeu, mon frère qui a eu la même enfance que la mienne, n’a pas développé de trouble du comportement alimentaire.
Les événements de la vie
Votre boulimie mentale aura plus de chance de se développer si vous êtes de nature angoissé, stressé ou si vous avez ou faites face à un ou plusieurs traumatismes. Ces sentiments que vous pouvez avoir de perte de contrôle face à une situation vont venir exacerbé celui que vous avez avec la nourriture à travers votre boulimie mentale et laisser place aux crises alimentaires et comportements compensatoires.
L’environnement social
C’est probablement le facteur le plus sournois qui soit car on a tendance à considérer comment étant normal :
- La pression mise pour s’intégrer à un groupe, à une communauté, à une bande
- La pression mise par l’ensemble de la société pour avoir un corps mince
- La promotion de régime drastique à l’extrême opposée de ce qu’il faudrait lorsque l’on souhaite perdre un peu de gras
Si un adulte a les armes pour faire face à ces différents éléments et peut avoir le recul nécessaire à s’en protéger, les enfants sont eux aussi soumis dès le plus jeune âge à toute cette pression liée au poids et au culte du corps ce qui a pour finalité de favoriser l’éclosion de troubles du comportement alimentaire comme la boulimie mentale.
Comment se manifeste la boulimie mentale
Déjà il est important de savoir que les crises de boulimie sont la réponse que fait votre corps à des troubles comportementaux qui vous touchent notamment lors de problématiques liées :
- A la gestion de son poids ou de l’image que l’on pense renvoyer
- A l’impulsivité qui peut nous caractériser (et je sais de quoi je parle)
Les différentes étapes d’une crise
Cette boulimie mentale se manifeste selon trois phases pour la plupart des gens :
- Une première phase annonciatrice de la crise au cours de laquelle on est confronté à une grosse angoisse. L’origine de l’angoisse peut être multiple comme de la fatigue, de l’ennui, trop de travail, etc. Quoi qu’il en soit cette angoisse se traduit par une envie et surtout un besoin irrésistible de manger, le tout sans même ressentir la sensation de faim.
- Une deuxième phase lors de laquelle survient la crise de boulimie et pendant laquelle on va ingérer une quantité énorme d’aliment nous procurant du plaisir pour pallier à cette angoisse. Bien souvent d’ailleurs on s’isole pour laisser place à la crise.
- Une troisième et dernière phase pendant laquelle on est pris de remords, de culpabilité et de honte face à cette perte de contrôle. On met alors en place des comportements pour compenser cette crise comme du sport à outrance, des vomissements, des jeûnes.
Attention toutefois à ne pas considérer comme une crise de boulimie les repas qui peuvent parfois être excessifs comme un déjeuner d’une réunion de famille ou un repas de Noël.
Les comportements compensatoires de la boulimie mentale
Une caractéristique importante de la boulimie mentale vient de ses comportements d’après crises pour “effacer” les calories ingérées :
- Les comportements éliminatoires avec les vomissements, la prise de laxatifs ou de diurétiques.
- Les comportements d’abstinence avec la mise en place de jeûne ou de régime strict.
- Les comportements physiques avec la mise en place d’activités physiques extrêmement intenses.
- Bien sûr les différents types de comportements peuvent être associés ensemble.
- Avoir des crises de compulsions alimentaires plus d’une fois par semaine et depuis trois mois au minimum
- Ressentir un sentiment de perte de contrôle pendant la durée de la crise puis suite à celle-ci
- Avoir recourt à des comportements compensatoires suite aux crises comme les vomissements, le jeûne ou l’activité physique excessive
- Ressentir de l’inquiétude quant à son apparence physique notamment au niveau de son poids et de sa silhouette.
Toutefois, on peut s’attarder sur d’autres points caractéristiques afin de valider le constat :
- Le poids du patient fluctue énormément ce qui peut suggérer la prise excessive de laxatifs
- Les glandes salivaires au niveau des joues sont gonflées ce qui peut indiquer des vomissements
- Des cicatrices sont présentes au niveau des articulations des doigts ce qui là aussi indique l’utilisation des doigts pour se faire vomir
- L’émail des dents présente de l’érosion à cause de l’acide gastrique des vomissements
- La réalisation d’une prise de sang montrant un faible taux de potassium (pouvant entraîner des troubles du rythme cardiaque)
Enfin il y’a trois aspects à prendre en considération pour une personne atteinte de boulimie mentale :
- Le premier c’est que c’est une personne qui est presque constamment inquiète de son poids et de son physique. Son jugement d’elle-même se fait en fonction de ces deux éléments. Ainsi, sa confiance en elle et son estime de soi eux aussi directement liés à ces deux éléments. D’ailleurs en ça elle ressemble beaucoup à un autre trouble du comportement alimentaire : l’anorexie.
- Le deuxième aspect à considérer vient justement se différencier de l’anorexie. En effet, les personnes atteintes de boulimie mentale :
- Sont beaucoup plus conscientes des comportements qu’elles adoptent au point d’en éprouver remord et culpabilité
- Sont plus enclines à se confier à quelqu’un de proche ou à un médecin
- Vont avoir plus de facilité à se découvrir et à vivre en communauté
- Le dernier aspect et que ce comportement impulsif qu’elles ont face à la nourriture est un trait de personnalité qu’elles retrouvent dans tous les aspects de leur vie. Les personnes atteintes de boulimie mentales sont plus prédisposées aux comportements impulsifs, aux comportements abusifs comme avec l’alcool ou les drogues, aux états dépressifs et aux angoisses.
Peut-on guérir de la boulimie mentale ?
Si vous vous reconnaissez dans tous les éléments que nous avons vus pu voir précédemment ou que vous avez été diagnostiqué de boulimie mentale, j’ai tout de même une bonne nouvelle pour vous : il est possible de guérir de cette pathologie.
La route est longue, semée d’embûches, vous allez devoir être armé de patience et de courage, vous allez probablement faire face à des moments de rechutes mais rassurez-vous, il est possible de guérir de la boulimie mentale. J’apporterais tout de même un bémol sur la notion de guérison car je pense que lorsqu’on est atteint d’un trouble du comportement alimentaire, on n’en guérit jamais totalement de sorte à ce qu’il disparaisse à jamais de nos vies.
Je crois que guérir d’un TCA comme la boulimie implique de réussir à se libérer psychologiquement des causes de ces troubles, de comprendre comment ils apparaissent et ainsi de faire en sorte de construire sa vie de manière à ne plus y être confronté. Il peut tout de même arriver malgré tout ça et c’est mon cas d’être confronté à quelques crises et dans ce cas là, la meilleure guérison consiste à ne pas se blâmer et accepter sa crise puis reprendre le chemin de sa vie qui fonctionnait bien jusque-là.
Je dois vous avertir tout de même que la route pour se sortir seul d’un trouble du comportement alimentaire comme la boulimie mentale est encore plus longue et je ne saurais vous recommander que de faire appel à un professionnel de santé comme un psychothérapeute ou un psychologue. Faire appel à un coach peut aussi être un excellent moyen d’avoir quelqu’un pour vous aider au quotidien dans votre guérison.
Certains médecins pourront vous prescrire des antidépresseurs dans certains cas mais attention tout de même, ces médicaments servent à masquer votre mal-être, en aucun cas ils ne vous guérissent. Par contre ils peuvent vous permettre d’entamer le premier pas vers la guérison en :
- Limitant la fréquence des crises et des vomissements
- Traitant votre anxiété et votre dépression
Comment gérer la boulimie mentale : mon expérience
Avant toute chose je tiens à souligner que bien que je pense avoir parfois des épisodes boulimiques, je ne suis pas sur quant au diagnostic de cette pathologie sur moi. Par contre je suis sûr d’être hyperphagique et je pense que mon expérience peut vous aider si vous êtes atteint de boulimie mentale.
Comme je vous le disais, il est nécessaire de se faire accompagner lorsqu’on est atteint d’un trouble du comportement alimentaire. Je vous invite à lire mon article comment soigner la boulimie afin de découvrir les thérapies les plus connues.
Toutefois, dans mon cas la guérison s’est faite en différentes étapes :
- La mise en place de séances d’hypnoses ericksonienne qui m’ont permis de comprendre ma pathologie et surtout de savoir quand et comment elle se déclenchait
- La mise en place d’une thérapie cognitive et comportementale me permettant de modifier les schémas de pensées des causes entraînant mes crises
- La mise en place de séance de coaching afin de me remettre le pied à l’étrier sur des problématiques de motivation, de développement personnel, de santé et d’hygiène de vie
Ce n’est évidemment pas la seule façon de se sortir d’un trouble du comportement alimentaire comme la boulimie mentale mais je dois dire que cela a fait des miracles pour moi.